Début septembre, La plante aquatique Victoria Régia, de son véritable nom Victoria Cruziana, a vu ses fleurs s’épanouir. Histoire d’une plante spectaculaire.

Découverte en Amazonie en 1838, et baptisée ainsi en hommage à la Reine Victoria, elle pousse dans les eaux calmes des ramifications secondaires des fleuves sud-américains. Les feuilles de la Victoria forment des plateaux flottants pouvant atteindre 1m50 à 1m80 de diamètre et dont les bords sont relevés de 10 à 15 centimètres. Elles sont alors capables de supporter le poids d’un enfant en bas âge.

LA FLEUR

Si ces feuilles géantes sont spectaculaires, les fleurs ne manquent pas d’intérêt. Le premier jour, elles sont blanches, formées d’un nombre considérable de pétales dont l’ampleur diminue à mesure qu’ils se rapprochent du centre. La plante attire le pollinisateur et exhale un parfum enivrant de vanille. Son autre arme : elle augmente la température de tous ses organes floraux de quelques degrés supérieurs à la température ambiante.
La fleur alors fécondée, les pétales deviennent roses, avant de se refermer le premier soir. Souvent au moment de la fermeture, l’insecte pollinisateur se laisse prendre à l’intérieur. Il reste prisonnier toute la nuit et dépose le pollen mâle sur les organes femelles de la fleur. Le lendemain, la fleur se rouvre, libère l’insecte pollinisateur et passe à la couleur rouge. Elle ne reste plus ouverte très longtemps, elle replie ses pétales et sépales pour se laisser descendre dans l’eau et déposer sur la vase son fruit qui formera des graines.

PROUESSE

Notre arboretum et le jardin botanique de l’antenne de Menton sont les seuls aujourd’hui à réaliser la prouesse de cultiver cette plante en plein air. Il faut la chaleur du littoral méditerranéen et un ensoleillement important pour la voir grandir. Malgré tout, les conditions climatiques hivernales méditerranéenne ne sont pas suffisantes pour maintenir la plante vivante en hiver, elle est donc traitée en annuelle. On doit la ressemer chaque année, au mois de février dans des bassins chauffés à plus de 30 degrés pour être plantée dans le bassin en plein air, en juin, si l’eau avoisine les 25 degrés.
La température du bassin étant trop froide en ce mois d’octobre, il faudra attendre l’année prochaine pour voir ou revoir la belle Victoria !

Source : Guy Joulin – Botaniste de l’arboretum.